Solutré doit son nom à Solustriaeus, riche gallo-romain, propriétaire d’une “villa” à l’emplacement du village actuel.
Le village est dominé par la Roche, site préhistorique qui fut le théâtre de grandes chasses (de 20.000 à 16.000 avant J. C.) : chevaux, rennes, bisons, ours. Au pied de la roche, un musée évoque cette période avec la fameuse taille de pierre en “feuille de laurier”.
A l’époque des grandes invasions, la roche devint un site défensif, naturel d’abord, puis renforcé en fortifications. Une forteresse attribuée à Raoul, duc de Bourgogne, roi de France en 923, devint l’enjeu de luttes très vives, en particulier entre Armagnacs et Bourguignons, et fut détruite sur l’ordre de Philippe le Bon en 1434.
Dans le bourg, l’église, construite au 10ème siècle sur des terres appartenant à l’abbaye de Cluny, fut reconstruite en partie au 12ème siècle, agrandie et restaurée au 19ème siècle par l’abbé Ducrost, curé de la paroisse et préhistorien, puis plus récemment (charpente, extérieur, clocher datant de 1999).
De belles maisons vigneronnes, des lavoirs, de nombreux puits à étages attestent d’une vie communautaire.
Des hameaux encadrent le village :
- La Grange du Bois, avec son ancien prieuré, fondé au 12ème siècle sous le vocable de Saint-Fiacre, rattaché à Cluny au 13ème siècle, vendu comme bien national en 1791. Ancien lieu de foires et de pèlerinages jusqu’en 1920 où le culte de la “fontaine aux ladres” (guérison des maladies de peau) l’associait aux dévotions à Saint-Fiacre.
Marcheurs, habitués des chemins de la Grange du Bois, plus aucune tuile du clocher ne risque de vous fendre le crâne par grand vent ! Depuis le 19 septembre, date d’achèvement des travaux, elles sont toutes bien accrochées. Restaurer, sans que cela ne se voit trop, à plus de vingt mètres du sol par tous temps et pendant plusieurs semaines, représente un défi certain, relevé par la famille DUPONT. Avec son “chapeau neuf”, il est beau ce clocher. Bien plus jeune que la chapelle, il a tout de même environ huit cent ans. Cerise sur le gâteau, la girouette neuve a été exécutée en cuivre par un habile homme ! La précédente était plus trouée qu’une passoire car un petit plaisantin l’avait prise pour cible avec sa “22” toute neuve. Comme pour la chapelle, le service de l’Architecture et du patrimoine de Saône et Loire a assuré conseils et suivi des travaux et le Conseil Général et la Fondation du Patrimoine ont participé à son financement. La Grange du Bois dispose maintenant d’un édifice extérieurement en bon état. Il restera, bien sûr, à restaurer l’intérieur de la chapelle et ses peintures murales (quelques vestiges) du moyen-âge à sauvegarder, mais ceci est une autre histoire.
- Pouilly, ses châteaux et sa chapelle
Les châteaux
Pouilly est dominé par son château du 15ème siècle, construit par Fançois Touillon, fermier du prieur clunysien de Chevignes, à la direction des vignobles de l’ordre de Cluny. Vers 1620, ce château portant le nom de “Maison de Pays” devient la propriété d’Antoine Pollet, bourgeois de Mâcon et semble rester dans cette famille jusqu’en 1769. Il est acquis en 1782 par un avocat du Parlement et échevin de Mâcon, Louis Montpis, qui s’intitule le Seigneur de Pouilly en 1783. En juillet 1789, une bande de 200 brigands attaque le château et enlève la toiture. Un dénommé Lassara de la Grange du Bois se signale par son ardeur de brigandage. C’est l’épisode de “la Grande Peur” dans les campagnes et particulièrement dans le Mâconnais. Depuis le 19ème siècle, le château appartient à la même famille. La propriétaire actuelle, Madame Canal du Comet, en a entrepris la restauration.
Un autre château, situé “aux Grands Noeuds”, propriété de Monsieur Maurice COMBIER, a une histoire aussi obscure que le premier. Peut-être antérieur (14 ou 15ème siècle), il a subi de nombreuses transformations : aménagement de pièces à la place de l’entrée, suppression d’escaliers et de bâtiments dans la cour. Propriété de Monsieur de Laye en 1789, il a aussi été maltraité par les brigands durant “la Grande Peur”.
La chapelle de Pouilly
Dédiée à Notre-Dame des Grâces, elle était un lieu de pèlerinage du 17 au 19ème siècles.
Voici son histoire :
Pouilly (Poliacium) est cité depuis le 10ème siècle dans les cartulaires de Cluny et depuis le 12ème siècle dans une charte de la cathédrale Saint-Vincent de Mâcon les 2 documents mentionnant des vignes qui sont données ou échangées.
Au 12ème siècle, Pouilly est mentionné dans un jugement. Mâcon et Pouilly y sont déclarés fiefs relevant du Duché de Bourgogne. Pouilly a été de tout temps une annexe de la paroisse de Solutré, possédant une chapelle dédiée à Notre-Dame dont on connaît mal l’origine et la date précise de construction.
Une fondation de 300 livres a été faite pour cette chapelle en 1682, par Dame Philiberte Tastenoire, veuve de Antoine Pollet, Seigneur de Pouilly ; cette fondation comprenait une maison avec pressoir, un jardin, un pré, une vigne. Son clocheton, sur lequel fut placée une horloge, date de 1897, don de Mme Dejoux.
La restauration de la chapelle, entreprise en 1980/1981 par le père Rabut (après enquête et souscription) grâce à l’argent des paroissiens de Solutré et de Pouilly et au travail des vignerons de Pouilly et d’un artisan local, a permis de retrouver et de remettre en état un autel de pierre enfoui sous le carrelage et de dégager une ouverture en plein cintre derrière un retable en bois peint en 1687. La chapelle devait être prête pour la Saint-Vincent le 22 janvier 1982.
Cette chapelle a été un lieu de pèlerinage à partir du 17ème siècle. Notre Dame était censée guérir les migraines et les enfants maladifs ou atteints du « feu volage ». On les y conduisait dans des petites voitures.
Un autre pèlerinage existait déjà à La Grange du Bois, à la fontaine aux Ladres près de la fontaine de Saint-Fiacre. Voulait-on limiter ce pélerinage plus païen ou le placer sous le contrôle plus étroit de l’Eglise ? De toute façon, le pèlerinage à Saint-Fiacre a résisté plus longtemps que celui de Pouilly qui disparut vers 1880.
Jusqu’en 1960, on y a célébré régulièrement la messe le 22 janvier, fête de la Saint-Vincent et le vendredi avant les Rameaux, fête de la compassion de la Sainte-Vierge. Ce jour-là, la messe appelée «messe des fourmis» pour éviter que les fourmis ne se mettent dans le goûter emporté à la vigne « goûtion en patois» était célébre par le Père Rabut. Une autre messe était dite le 14 septembre, pour la fête de Notre-Dame des 7 douleurs.
Autres éléments du patrimoine à Pouilly
Outre ses traditionnelles maisons vigneronnes avec leurs caves voutées, leurs galeries, leurs séchoirs, voisinant avec des maisons plus modernes et plus adaptées à l’exploitation nouvelle, on peut découvrir une maison insolite dont on ignore l’année de construction et l’identité du premier propriétaire. Elle possède un puits coiffé d’une construction décorée de palmiers et d’animaux exotiques. Ceci serait-il lié à l’époque coloniale, à la conquête de l’Egypte ? A ce jour, les archives n’ont pas livré leurs secrets.
Deux croix et deux lavoirs complètent cet inventaire.
- La Grange Murger, autour d’une demeure avec pigeonniers ayant appartenu aux 17 et 18èmes siècles à la famille Tupinier, gens de robe.
Le domaine des Murgers ou la Grange Murger dont il nous reste plusieurs reprises de fief, a été déclaré bien de roture par deux arrêtés de la Chambre des comptes de Bourgogne des 13 août 1666 et 2 avril 1678. Nous voyons Edme Tupinier, conseiller du roi, le reprendre de fief et donner son dénombrement le 16 février 1697. Son dénombrement indique, comme revenu annuel deux feuillettes de vin, douze coupes d’avoine, dix coupes de froment et trois livres en argent. Emilian, fil de Claude Tupinier et d’Etiennette Desbois, testa le 19 avril 1707, léguant ses biens à son fils, qui mourut le 5 octobre 1709.
Claude Tupinier, conseiller du Roi, juge mage de Cluny, sieur des Murgers, reprit le fief le 4 février 1722. Son dénombrement donné le 2 mai 1729 diffère peu du précédent. Allié, le 18 janvier 1711 à Etiennette Rety, il eut une fille, aussi Etiennette, qui, par son contrat de mariage du 9 janvier 1746 porta les Murgers à Louis Abel de Laborier de Serrières, écuyer, fils de Claude François de Laborier et Françoise de Labletonnière.
Henri, Oswald, Gabriel Tupinier, avocat au Parlement, frère d’Etiennette, racheta le fief pour 3.000 livres, le 10 février 1765 et en reprit le fief le 25 juin 1767 et le 24 mai 1785. Marié à Jeanne Louise Bridet, fille de Philippe Bridet, baron de Myards, seigneur de Burnonceau et de Françoise Dubois, il ne laissa pas de postérité.
Source – le Mâconnais historique – seigneurs et châteaux – 2ème partie – François Perraud chez Protal imprimeur (1920).
- Le Gros Bois, hameau récent, ne regroupe pas des viticulteurs, mais des gens travaillant à Mâcon ou des retraités.
Autres monuments
La chapelle de la Grange du Bois
L’église